Postgrowth - Degrowth

      Si la décroissance fait aujourd’hui partie des concepts scientifiques à la mode (D’Alisa, Demaria, Kallis, 2015) ou l’objet de débats à la fois économiques, politiques, écologiques ou sociaux (Parrique, 2019; Flipo, Shneider et Bayon, 2011), il convient de rappeler que les idées sur lesquelles elle s’appuie, ont une histoire qui remonte aux années 60 - 70 et que Serge Latouche retrace dans sa collection « les précurseurs de la décroissance » (Latouche, 2016). Ce serait à la fois l’échec du développement au Sud (l’impasse de la transposition des Etapes de la Croissance de l’économiste Rostow et de la politique d’industrialisation proférée par les grands institutions internationales), la perte de repères au Nord (remise en cause du productivisme et du consumérisme, ainsi que de leurs bases imaginaires, le progrès, la science, la technique, l’éducation, la publicité…) et la crise écologique qui aurait amené des penseurs tels qu’Ivan Illich, André Gorz, François Partant, Cornelius Castoriadis, Bernard Charbonneau, Serge Latouche… à parier sur un changement radical : « le choix volontaire d’une société de décroissance » (Latouche, 2006, p. 15). 

Le terme est alors utilisé par André Gorz (pseudo Michel Bosquet) dans un numéro hors-série intitulé « La dernière chance de la Terre » (Diemer, 2016) que le Nouvel Observateur consacre au Sommet de Stockholm [4] (juin, 1972). Gorz y dénonce les impasses de la croissance et met en garde contre une récupération technocratique de l’impératif écologique (Gianinazzy, 2016) : « Autant vous faire à l’idée tout de suite : ce que nous appelons « la civilisation industrielle » ne passera pas le cap de ce siècle. Pendant une à deux décennies encore, elle vous procurera des jouissances douteuses et des privilèges qu’il faudra payer de plus en plus cher. Ensuite il faudra que cela cesse : que cessent les voitures que l’on change tous des deux à cinq ans ; que cessent les vêtements qui ne durent qu’une saison, les emballages que l’on jette, la viande quotidienne, la liberté d’engendrer et de concevoir. Plus vite cela cessera, mieux cela vaudra ; plus cela durera, plus l’effondrement de cette civilisation sera brutal et irréparable la catastrophe planétaire qu’elle prépare » (Gorz, 1972)... « L’équilibre global, dont la non-croissance – voire la décroissance – de la production matérielle est une condition, cet équilibre est-il compatible avec la survie du système ? » (Gorz, ibid). Quelques années plus tard, la décroissance réapparaît sous la plume de Bernard Charbonneau via ses Chroniques de l’An Deux Mille (Diemer, 2019) publiées dans le Journal Foi et Vie (1972, 1973, 1974, 1975), puis celle de Nicholas Georgescu Rogen (1979). 

Toutefois, la décroissance n'obtiendra ses véritables lettres de noblesse qu'au début des années 2000, avec notamment la parution de l'ouvrage "Objectif décroissance" (200, Vincent Cheynet et Bruno Clémentin (Editions Paragon) et les nombreux ouvrages de Serge Latouche (Le Pari de la décroissance, 2006; Petit Traité de la Décroissance Sereine, 2007). 

Le projet Post-Growth - Degrowth a vu le jour au sein du Projet Européen Marie Curie - AdaptEcon (2015 - 2019) - dans lequel Timothée Parrique (The Political Economy of Degrowth, 2019) et Jennifer Hinton (Relationship to Profit, A theory of Business, Markets, and Profit for Social Ecological Economics, 2021) ont réalisé leur thèse, ouvrant des perspectives intéressantes en matière de politiques macroéconomiques (de la décroissance) et Non-Profit Business. A la suite de ce programme, ERASME s'est engagé dans l'approfondissement des trois pistes de travail suivantes :

(1) L'analyse de scénarios (quantitatifs et qualitatifs) intégrant une modélisation en système dynamique et l'usage de narrations dans le cadre de politiques macro (avec des drivers tels le revenu universel, les monnaies locales, la taxe du capital de 2%, la réduction du temps de travail, l'annulation des dettes publiques et privées). 
(2) Une relecture des politiques de développement économique adaptés aux pays en développement au prisme de la décroissance
(3) Une analyse des schémas de décroissance et de post-croissance dans le cadre des Planet Boundaries et de la Donuts Economie. 



      If degrowth is today part of the scientific concepts in fashion (D'Alisa, Demaria, Kallis, 2015) or the object of economic, political, ecological or social debates (Parrique, 2019; Flipo, Shneider and Bayon, 2011), it is important to remember that the ideas on which it is based have a history that goes back to the 60s and 70s and that Serge Latouche retraces in his collection "the precursors of degrowth" (Latouche, 2016). It would be both the failure of development in the South (the impasse in the transposition of Rostow's Etapes de la Croissance and the industrialization policy advocated by the major international institutions), and the loss of reference points in the North (the questioning of productivism and consumerism), and their imaginary bases, progress, science, technology, education, advertising ...) and the ecological crisis that would have led thinkers such as Ivan Illich, André Gorz, François Partant, Cornelius Castoriadis, Bernard Charbonneau, Serge Latouche ... to bet on a radical change: "the voluntary choice of a degrowth society" (Latouche, 2006, p. 15). 

The term was then used by André Gorz (pseudo Michel Bosquet) in a special issue entitled "La dernière chance de la Terre" (Diemer, 2016) that the Nouvel Observateur devoted to the Stockholm Summit (June 1972). 4] In it, Gorz denounced the impasses of growth and warned against a technocratic recuperation of the ecological imperative (Gianinazzy, 2016): "You might as well get used to the idea right away: what we call 'industrial civilization' will not pass the mark of this century. For another one to two decades, it will provide you with dubious pleasures and privileges that you will have to pay for more and more. Then it will have to stop: no more cars that are changed every two to five years; no more clothes that last only one season, no more packaging that is thrown away, no more daily meat, no more freedom to generate and conceive. The sooner it stops, the better; the longer it lasts, the more brutal and irreparable the collapse of this civilization will be the planetary catastrophe it is preparing" (Gorz, 1972) . "The global equilibrium, of which the nongrowth - or even degrowth - of material production is a condition, is this equilibrium compatible with the survival of the system? "(Gorz, ibid). A few years later, degrowth reappeared in the writings of Bernard Charbonneau via his Chroniques de l'An Deux Mille (Diemer, 2019) published in the Journal Foi et Vie (1972, 1973, 1974, 1975), and then in those of Nicholas Georgescu Rogen (1979).

However, degrowth will only obtain its true letters of nobility at the beginning of the 2000s, notably with the publication of the work "Objectif décroissance" (200, Vincent Cheynet and Bruno Clémentin (Editions Paragon) and the numerous works of Serge Latouche (Le Pari de la décroissance, 2006; Petit Traité de la Décroissance Sereine, 2007). 

The Post-Growth - Degrowth project was born within the European Marie Curie Project - AdaptEcon (2015 - 2019) - in which Timothée Parrique (The Political Economy of Degrowth, 2019) and Jennifer Hinton (Relationship to Profit, A theory of Business, Markets, and Profit for Social Ecological Economics, 2021) wrote their thesis, opening up interesting perspectives on macroeconomic (degrowth) and nonprofit business policies. Following this program, ERASME has engaged in the exploration of the following three tracks of work:

(1) Scenario analysis (quantitative and qualitative) integrating dynamic system modeling and the use of narratives in the framework of macro policies (with drivers such as universal income, local currencies, 2% capital tax, reduction of working time, cancellation of public and private debts). 
(2) A re-reading of economic development policies adapted to developing countries through the prism of degrowth.
(3) An analysis of the patterns of degrowth and post-growth in the framework of the Planet Boundaries and the Donuts Economics.